Bure,
le 7 Mars 2003
Collectif des Associations du bassin houiller Lorrain
Je me permets de rappeler la situation du village
de Rosbruck particulièrement éprouvé par l?exploitation minière encore en cours
pour quelques mois.
Les Houillères du Bassin de Lorraine
ont commencé à la fin des années
quatre-vingt l?exploitation charbonnière sous des zones habitées du village jusque
là préservées. C?est pour des raisons de
côut que l?exploitant, contrairement à ce qui se pratiquait dans les
exploitations voisines, a choisi une
technique d?exploitation
particulièrement dévastatrice appelée foudroyage. La méthode d?exploitation en cause : le
foudroyage consiste à ne plus remblayer les galeries avec du sable comme
c?était fait auparavant et à laisser s?effondrer naturellement les galeries.
Cela provoque en surface d?importants affaissements de terrains ( plus de 15
mètres en 15 ans à Rosbruck ), accompagnés de nombreuses secousses, plusieurs
centaines chaque année parfois très violentes comme celle meurtrière du 21 juin
2001 : 3,8 sur l?échelle de Richter.
Vous pouvez imaginer
aisément l?ampleur des dégâts provoqués sur nos maisons: sur les 250 maisons que compte le village 60
ont du être démolies, 60 ont du être « relevées » c?est à dire à
l?aide de vérins placés sous les fondations,
la maison est remise à l?horizontale. Les autres, fissurées et en pente sont toutes plus ou moins gravement endommagées.
Notre
village est sinistré à 100%. De nombreuses autres communes de l?est mosellan
bien que moins éprouvées sont également touchées : Cocheren, Morsbach,
Forbach, Freyming-merlebach, Petite-Rosselle, Stiring-Wendel, Béning, Betting-lès-St-Avold,
Hombourg-Haut, Porcelette, Guerting, Creutzwald?.
Malgré tout dans le bassin houiller ce ne sont pas les
affaissements qui constituent la véritable catastrophe mais c?est plutôt l?attitude scandaleuse du
responsable : les Houillères du bassin de Lorraine qui conduit à la ruine
d?une région et de ses habitants.
La commission parlementaire chargée d?évaluer l?application de la
loi après-mines, venue sur place le 8
janvier 2002 ne s?y est pas trompée.
Après une visite de sinistrés à
Rosbruck, Morsbach et Cocheren son verdict est clair : ( je cite le
rapport ) « L?attitude de
l?exploitant (HBL) doit être dénoncée, il est choquant que celui-ci cherche
constamment à se dégager de ses responsabilités, au mépris de la volonté du législateur.
C?est un bassin d?emploi qui supporte les conséquences d?une défaillance
organisée. »
Ainsi, dans notre " far-est " nous
sommes soumis à la loi du plus fort. C?est celui qui a occasionné les dégâts
qui les expertise puis qui juge de la nécessité, de la nature des réparations
enfin c?est encore lui qui dirige leur réalisation, ne laissant aucune
alternative au sinistré. Par suite des affaissements miniers toutes les maisons
du village sont penchées, De manière arbitraire et abusive, en totale contradiction
avec les normes DTU en vigueur dans le bâtiment, les HBL ont classé les
immeubles dans quatre catégories :
jusqu?à 0,8%, les sinistrés ne peuvent
prétendre à aucune indemnité.
de 0,8% à 3%, le HBL proposent une
indemnité (dérisoire).
à partir de 3% les HBL imposent
("c?est ça ou rien ") au propriétaire un " relevage " consistant à une remise du
bâtiment à l?horizontale. Si le relevage n?est pas possible techniquement, la
maison est détruite avec une
indemnisation inéquitable.
Un justice sous influence et d?une lenteur
coupable :
Les « réparations » souvent dérisoires
proposée par les HBL devraient conduire tous les sinistrés à saisir la justice.
Mais la lenteur des procédures, le coût, les assureurs qui se défilent, ainsi que des décisions souvent surprenantes
du TGI de Sarreguemines découragent les sinistrés. Le bassin houiller n?est pas
si grand et les cadres d?une entreprise toute puissante même sur le déclin ont encore
une grande influence sur les représentants des trois pouvoirs de l?est-mosellan.
C?est pourquoi seulement une quinzaine de
familles sur 250 à Rosbruck ont engagé une action en justice. Les HBL
présentent ce faible taux comme un indice de satisfaction !
L?abandon de l?exploitation charbonnière :
Compte tenu du comportement
permanent des HBL et derrière eux de Charbonnage
de France, dans la période actuelle
d?arrêt d?exploitation charbonnière, nous sommes très inquiets de voir la
procédure d?abandon de concession se dérouler
en catimini sans un réel débat public.
Des réunions sont organisées au cours desquelles les HBL rassurent des élus qui
n?ont souvent pas les connaissances techniques qui leur permettent de mettre en
doute les affirmations de l?entreprise. Ceux qui ont ces compétences, DRIRE, BRGM, DDAF, DIREN, .. ? ne sont
autorisés à participer au débat que
pour rassurer la population. C?est d?ailleurs une caractéristique Française
dans beaucoup de dossiers sensibles.
Nos
n?avons pas ces compétences mais il nous suffit de voir dans quelle situation se trouvent nos amis sinistrés du fer
pour ne pas admettre que se reproduisent dans le bassin houiller les mêmes erreurs.
Il n?est pas nécessaire d?être un spécialiste pour
observer que :
Dans le bassin houiller les importants
affaissements en inversant le sens d?écoulement des eaux ont déjà considérablement augmenté les risques d?inondation . Que va-t-il se passer dans nos villages après l?arrêt de l?exhaure
des eaux du fond ? Lorsque la
nappe phréatique va remonter des quartiers entiers seront sous l?eau.
La dissolution de certaines parties de couches
profondes, les phénomènes Hydrauliques,
provoqueront immanquablement des
mouvements de terrains encore de nombreuses années après la fin d?exploitation.
L?alimentation en eau potable du bassin houiller
risque d?être gravement perturbée :
-
l?exhaure du puits Simon à Forbach qui servait à
l?alimentation de la région de Forbach ne peut plus être utilisée en raison des
trop fortes teneurs en sels (Chlorures ou Sulfates) des eaux du fonds.
-
La remontée des eaux du fond va inévitablement polluer les
réserves en eau potable situées dans les couches supérieurs de grès. C?est déjà
le cas à Faulquemont où l?exploitation et l?exhaure sont arrêtées depuis plus de vingt ans, un forage d?eau
potable vient d?être abandonné pour cette raison.
Nous demandons :
- Pas
d'autorisation hâtive d'abandon
d'exploitation sans un indispensable débat public .
- L?accès aux résultats de l?étude Hydrogéologique récente faite par ANTEA
(filiale du BRGM). D?autres parties y ont accès et ne se privent pas d?en tirer
avantage en exploitant les résultats de
nature à rassurer la population.
- L?inventaire des risques, description des risques résiduels après
mesures préventives,
éclairage du dossier par les
spécialistes, contre-expertises publiques.
- Des garanties financières de l'exploitant pour assumer le futur, que
les conséquences de l'arrêt de l'exploitation ne soient pas mises sur le compte
de la collectivité et des citoyens...
-
Enfin,
Nous exigeons que l?état
n?autorise pas Charbonnages de France à abandonner la concession tant que tous
les sinistrés n?auront pas été justement indemnisés.
Pour le Collectif,
Bernard GLANOIS