Ennoyage du Bassin houiller: 'Personne ne connaît les conséq

Collectif Environnement Moselle-Est  
Ennoyage du Bassin houiller: 'Personne ne connaît les conséquences'
Le Collectif Environnement Moselle-Est s'inquiète. Avec l'arrêt de l'activité charbonnière, l'ennoyage risque d'entraîner des bouleversements géologiques et écologiques. Il demande un débat public pour choisir la meilleure solution.

FORBACH. - La lettre ouverte compte plusieurs pages. Dans celle-ci, le Collectif Environnement Moselle-Est attire l'attention des maires, des conseillers municipaux, des conseillers régionaux et généraux, ainsi que des députés sur l'arrêt de l'extraction charbonnière et ses conséquences dans le Bassin houiller. Ce qui inquiète surtout les représentants du collectif est l'ennoyage prévisible des mines. Ils ne veulent pas subir de la même façon ce qui c'est passé dans le Bassin ferrifère nord. Et sont décidés à réagir tant qu'il en est encore temps.

"Cette lettre a été adressée à 57 communes, d'une zone allant de Merten à Spicheren, souligne Helmut Bietel, président de l'Adepra (association de défense de l'environnement de Petite-Rosselle et environs). Le but est d'aller au-devant des élus pour devancer les problèmes qui seront liés à l'eau. Aujourd'hui, personne ne sait quelles seront les conséquences de l'ennoyage. Nous sommes inquiets car il n'y a pas de débat sur ce sujet."

Il y a 60 ans, l'eau affleurait dans tout le Bassin houiller. Certains endroits, comme derrière la gare de Forbach ou au Weihergraben de Rosbruck, étaient des zones marécageuses ou fréquemment inondées. L'eau, en sous-sol, était de très bonne qualité et nécessitait peu de traitements. Depuis le début de la guerre du charbon, les HBL exhaurent cette eau de manière intensive, pour permettre l'exploitation charbonnière. Aujourd'hui, 50 millions de m3 sont pompés chaque année. Une partie est utilisée par les activités industrielles ou la consommation de la population, le reste (30 à 50% environ) est rejeté dans les cours d'eau de la Bisten, de la Merle et de la Rosselle. L'usine de Carling consomme également beaucoup d'eau issue de la nappe phréatique. "Résultat: le niveau de la nappe phréatique a baissé de 100 m", constate Marcel Hoerner, représentant de l'Adelp (Association de défense de l'environnement et de lutte contre la pollution en Moselle-Est).

Zones sensibles

Cette baisse, en elle-même, ne pose guère de problème. A l'arrêt du pompage de l'eau d'exhaure, il semble assuré que la nappe remontera à son niveau d'origine. Et c'est ce qui mobilise les membres du Collectif Environnement Moselle-Est. "Lorsque l'eau montera, des éléments solubles seront dissous, le sable descendra au plus bas, et les galeries s'affaisseront. De nouveaux affaissements de terrains sont à craindre durant plusieurs années, poursuit Marcel Hoerner. De plus, la nappe entrera en contact avec des zones de pollution souterraine, souillées par des dépôts dangereux, comme à la cokerie de Marienau ou dans les bassins à schlamms. Dans le triangle de Carling, 170 millions de m3 de déchets chimiques se sont infiltrés dans le sol. La nappe phréatique, à leur contact, sera polluée, et la pollution s'étendra vraisemblablement, peut-être jusqu'en Sarre."

De plus, certains secteurs, suite aux affaissements miniers, risquent de se retrouver après arrêt du pompage de l'exhaure sous les eaux. Ces endroits sensibles se trouvent notamment le long de la Rosselle (Hombourg-Bas, Betting, Merlebach, Rosbruck, Morsbach, Marienau...). Certains sont déjà sujets aux inondations, comme la route de Betting à Merlebach. Les autres étaient des zones très humides, asséchées avec la baisse de la nappe phréatique, dont le niveau a baissé suite aux affaissements miniers, comme la rue de la Vallée à Rosbruck. Cette rue a baissé de 13 m en 15 ans. Auparavant, elle était au même niveau que la nappe phréatique... mais 13 mètres plus haut. Si la nappe phréatique regagne sa hauteur initiale, la rue se retrouverait avec plusieurs mètres d'eau au-dessus d'elle. "Et avec la pression souterraine, les résurgences d'eau peuvent même apparaître à flanc de colline, où personne ne s'y attend", prévient Marcel Hoerner.

Paru le : 16/04/02 (Forbach / Actualité)


Article écrit par Républicain Lorrain le Jeudi 1 janvier 1970 à 01h00

[ Imprimer ] - [ Fermer la fenêtre ]