Prendre conscience des réalités

Dégâts miniers  
'Prendre conscience des réalités'
Il est venu, il a vu, il lui reste à être lu. Hier matin, à l'invitation du collectif de défense des victimes des dégâts miniers, le député Jean-Yves Le Déaut a rencontré des habitants de Rosbruck, Morsbach, Cocheren, Guerting et Porcelette pour écrire son rapport. Le chargé de la mission après-mines s'est montré réceptif aux doléances des sinistrés du Bassin houiller.

FORBACH.- "Faites votre possible pour que nous puissions obtenir gain de cause", appuie Mme Bindges en serrant la main de Jean-Yves Le Déaut. Cette phrase traduit bien l'attente du collectif des victimes des dégâts miniers (1). Non pas que le député en charge du dossier de l'après-mines soit ressenti comme le messie - les sinistrés du Bassin houiller ont connu trop de désillusions pour cela. Mais c'est le premier élu d'importance à faire le déplacement. "Malgré nos invitations, le préfet de région, Bernadette Malgorn, fait la sourde oreille. Et ceux qui ont rédigé le code minier ne sont jamais venus", assure Francis Prymerski. Un manquement réparé avec la venue, hier, de M. Le Déaut. Au fil de la matinée, il s'est montré un interlocuteur attentionné, à l'écoute des revendications des habitants du secteur. "Bien sûr, il ne peut pas tout. Mais je crois qu'il sera un rapporteur fidèle de nos préoccupations", traduit Bernard Glanois, président de la CLCV de Rosbruck.

Des témoignages émouvants

Les associations lui avaient concocté un programme bien ficelé pour que Jean-Yves Le Déaut puisse dresser un état des lieux. Partout ce sont les mêmes doléances qui reviennent. Et pour une fois que les sinistrés trouvent quelqu'un ouvert au dialogue, ils l'accaparent. "L'important c'est qu'il prenne conscience de la réalité du terrain. Il y a certes l'aspect matériel et financier des indemnisations, mais aussi le côté humain", poursuit Bernard Glanois. Et pour çà il a été servi. A Cocheren, Morsbach, Rosbruck les gens exposent leur situation, faisant pénétrer le parlementaire dans leur demeure. Tous ont martelé: "On ne veut pas s'enrichir sur le dos des HBL. On n'a pas choisi d'avoir des maisons cassées." Partout, les HBL sont pointées du doigt, pour "leur laxisme, leur incohérence ou leur condescendance à refuser de reconnaître qu'il y a un rapport entre les dégradations et l'exploitation minière".

C'est d'abord Marie-Antoinette Piffert, veuve de 81 ans, qui lui parlera du litige qui l'oppose aux HBL depuis plus de 10 ans, suite à l'apparition de fissures dans sa maison de Morsbach. "C'est de pire en pire, on n'est plus en sécurité dans nos habitations", renchérit sa voisine, Mme Didiot. "Le problème, c'est que les HBL veulent traiter au cas par cas, divisant pour mieux régner. Car s'ils acceptent pour un, ils doivent accepter pour tous", estime Eugène Bado, de Cocheren. Et les indemnisations traînent. "Je dois me démerder tout seul. J'avais une maison de caractère que je réaménageais, maintenant je n'ai plus rien", assène Francis Prymerski.

Préjudice moral

Puis le cortège fera une halte au problématique lotissement Les Vergers de Rosbruck (Lire RL du 8 juin 2001). Nazim Kaya, ainsi que Linda et Jean-Pierre Fedozzi y ont acheté un terrain. En découvrant une faille le premier a renoncé à construire. "C'est trop risqué dans ces conditions." La maison du couple a commencé à sortir de terre, mais des fissures sont déjà apparues. "Aujourd'hui, ils sont dans une situation inextricable. Et tout le monde s'en lave les mains", lâche, amer, Bernard Glanois.

Le tour du secteur s'achève à Rosbruck, à la maison Bindges. "Ma maison s'est cassée en deux. Elle a été relevée en 1994. Mais des fissures sont réapparues et aujourd'hui elle est irréparable. Les HBL me proposent de relever un côté. Mais ça ne sert à rien. Le relevage n'est pas une solution", raconte la propriétaire. "Et qui nous paiera le préjudice moral subi?"

Bertrand Baud.
Paru le : 09/01/02 (Forbach / Environs)


Article écrit par Républicain Lorrain le Jeudi 1 janvier 1970 à 01h00

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